Hey Jude { LIBRE }

La musique allumée, les lunettes de soleil sur le visage, les cheveux au vent. Que rêver de plus pour le moment ? Aujourd’hui il n’y avait pas cours, bien sur nous sommes un samedi. Et puis même si nous ne l’étions pas, je n’y serai pas car aucune chance que je viens si c’est pour rien apprendre. Le travail et moi, c’est comme pas du gâteau. J’avoue que je ne fais pas d’effort mais quand même, nous ne sommes pas ici, dans cette vie pour travailler et ne jamais s’amuser, quoi. Je sourie a l’idée de quitter le centre de la ville, de me promener aux alentours. J’avais une destination en tête et j’aimais bien y aller. Il y a nombreux plains près de la ville et le trois quarts de la région en est une donc. Les mains sur la roue, je montai la musique un peu plus forte en écoutant The Beatles d’un air rêveur et chantant avec un sourire la mélodie que je connaissais par cœur. J’appelle ca la liberté. Je n’avais plus ce sentiment d’angoisse et de mal-être et je comptais bien continuer ainsi si c’est pour mieux me détendre. La voiture s’arrêtait quelques minutes plus tard et je descendis, vêtue d’une jupe noire et d’un haut aux bretelles noir aussi. Je me sens un peu comme une émo habillée ainsi mais je m’en fous de tout mon cœur et puis le noir me va comme un gang, comme le disait mon frère. Ca faisait longtemps que je ne venais plus dans les campagnes ou même tout simplement la nature, depuis l’accident en fait. Je me souviendrai toujours des petites balades en famille dans la foret se situant derrière la grande maison blanche, le vent ébouriffant mes cheveux et mes parents nous sourire comme si leur seul bonheur était devant leur yeux. Ils me manquent. Et la question que je me pose toujours et encore serait ou est mon frère. Je me sens conne. Pourquoi est-ce que j’ai coupé tout contact avec lui ? Il était la dernière personne que j’avais de ma famille même si nous n’étions pas liés par le sang. Je marchais sur la petite piste menant a l’endroit ou j’allais tout le temps, c’était une petite cabane au beau milieu des champs de blé, abandonnée a mon avis. Je continuais mon chemin, mettant ma main devant mon visage à cause du soleil qui scintillait dans mes yeux. Depuis quand n’étais-je pas sortie de chez moi pendant la journée ? Bien longtemps. J’arrivais enfin devant le tableau d’une grande et lointaine champ de blé qui ne finissait pas. Souriant de tous mes dents, je me frayais un chemin dans ce grand labyrinthe sans bout et continuais ma route vers la destination attendu en suivant mes sens de l’orientation et mes souvenirs de la semaine dernière. Je vis enfin au lointain une petite maison en bois et je courus là-bas le plus vite possible, voulant enfin y être et m’asseoir pour réfléchir, passer un bon moment seul. J’y étais et je touchais la petite cabane du bout des doigts, faisant glisser ma main sur les bords de la maison puis aussi débile que j’étais, je touchais un point pointu et me coupais avec le bois. « Merde. » Je rigolais bêtement en voyant quelques gouttes de sang descendre jusqu'à mon poignet. Je me tournais et vis face au beau paysage et trouvais le rocher ou j’aimais bien m’asseoir. Je m’y assis comme prévu et fermis les yeux quelques minutes pour réfléchir. J’avais tellement de problèmes et encore cette semaine, j’avais besoin de plus d’argent que ce que j’aurai normalement. Ma vie, c’est une vie de merde.

Je ne m’attendais surtout pas à voir une jeune fille arriver, qui semblait être mon âge. Elle était habillée d’une robe courte, le genre de chose qu’on porte une belle journée d’été. J’étais assez surpris de découvrir quelqu’un ici puisque cet endroit n’était pas vraiment commun et encore moins visité, enfin jusqu'à maintenant. La jeune demoiselle était certes belle, ses cheveux bruns clair allant au roux un peu boucles et tombait dans son dos. Elle vient s’asseoir a coté de moi sous mon regard qui observait chaque un de ses mouvements. Cela faisait longtemps que je n’avais plus parlé à personne et sa présence me dérangeait un peu après tout ce temps de solitude chez moi. Mais peut-être est-ce une bonne chose qu’elle soit la, elle me fera peut-être sortir de mon coquillage un peu. « Bonjour, l’étrangère. » J’observai le paysage, ne voulant même pas la regarder. L’étrangère ? Qui appelait quelqu’un ainsi sans la connaitre ? Bonjour suffisant largement à ce que je sache. Ca m’agaçait. Je pris ne répondit pas tout de suite, prenant le temps pour que ma mauvaise humeur parte un peu et que je ne suis pas aussi critique comme je l’aurai été si je lui avais répondu quelques minutes plus tôt.

« L’étrangère a un nom je te signale, dis-je d’une voix amère. Katy, ce serait. »

Waouh Katy, tu commences déjà à devenir une petite sadique quand on t’accueille de bonne humeur. Quel progrès ! Il faut le savoir que je n’ai toujours pas été ainsi, avant j’étais heureuse, avant je pouvais vivre normalement, avant je pouvais vivre sans problème et j’avais tout l’argent en deux clins d’œil grâce a mes parents. Mais avant n’est plus aujourd’hui. Je suis quelqu’un de différente maintenant, plus l’ange protecteur de son grand frère et toutou gentille. Maintenant que j’avais quelqu’un avec qui parlait, je regrettais presque d’avoir quitté mon petit abrie dans le noir. Et dire que nous sommes déjà samedi. Je n’avais jamais pensé que le temps pouvait passer si vite et puis j’avais complètement oublié que c’est moi qui travaille au bar ce soir. Le salaire qu’on me donnait ne fallait pas la peine mais puisque c’est le seul boulot que je pus trouver dans cet endroit de fous, entre prendre ou laisser, je n’avais pas vraiment le choix. Une douce brise soufflait sur le champ de blé et vient ébouriffer mes cheveux bruns, je fermis les yeux et sentis la chaleur de la journée sur ma peau. Ah mince, j’avais oublié qu’il y avait aussi quelqu’un ici. Allez Katy, fait un effort, me dis-je intérieurement. Je me tournais doucement vers la jeune demoiselle et lui sourie gentiment.

« Et toi, tu es .. ? »

Pour une fois que j’arrive a dire quelque chose qui ne consiste pas de critiquer quelqu’un ou les faire voir ailleurs et en plus d’une voix plutôt calme et amicale, c’est une première en quelques semaines ce qui me mit de bonne humeur.