ferme là pour voir. ♣ elena.

C'était une belle journée qui s'annonçait. Il y avait du soleil – très rare, ces temps ci -, le réfrigérateur était rempli, la plomberie censée être réparée. Manelle s'étirait dans ses draps. Elle avait bien dormi. Rien ne pourrait ébranler sa bonne humeur, elle le savait. S'extirpant de son lit, elle s'étira une seconde fois, le ventre à l'air. Puis la jeune rousse se dirigea vers la fenêtre. Il y avait des débris de bouteilles par terre, et les poubelles étaient renversées. Il y avait encore du avoir une bagarre pendant les nuit. La jeune femme alla d'un pas dansant vers la cuisine. Elle prit du pain, fourra un bout de chocolat à l'intérieur, et enfourna le tout dans sa bouche. Mangeant goulument, elle alluma une cigarette. Ah, enfin une journée comme elle les aimait ! Il devait être dix heures et demi, elle mangeait du chocolat, elle venait de se lever, il faisait beau. Finalement, elle se traîna vers la salle de bain, où elle prit une longue douche particulièrement agréable. Elle chercha ensuite quelque chose à se mettre. Elle finit par opter pour une robe verte, avec des collants noirs. Elle n'avait pas peur du ridicule ni de l'exctrentique, et ne voyait pas ce qu'il y avait d'original dans sa tenu, d'ailleurs. C'était comme les passants qui s'étonnaient de la voir, parée d'un vernis à ongle orange. Quel était le problème ? La jeune rousse claqua la porte derrière elle, et descendit les cinq étages de son immeuble. Dans la rue, elle sautillait presque, habitée par cette bonne humeur si peu habituelle. Soudain, quelqu'un la bouscula. Elle se retourna pour voir l'homme d'une vingtaine d'années qui venait de lui donner un coup d'épaule. Manelle le fixa furieusement. « Nan mais fais gaffe là ! » Quand elle était énervée, elle tutoyait tout de suite. Il haussa les épaules, murmura un « pardon » timide et disparu dans la foule. Ça pouvait être amusant de voir une fille au si joli minois, bien habillée, parlant si mal. Elle s'agaçait d'un rien, criait pour peu. Soudain, la jeune rousse reconnut une tête blonde. « Oh non pas elle », soupira-t-elle. Elle contourna un poteau, et essaya de tracer. Mais c'était vain, elle l'avait reconnu, et continuerait à la coller. Finalement, journée de merde s'annonçant. Elle s'était trompée, comme toujours.